Œuvre de mémoire

« Épineux épiderme ». Étude et conservation-restauration d’un épi de faîtage en terre cuite à décor de glaçures plombifères, provenant du Pré d’Auge (XVIIe siècle, Amiens, Musée de Picardie). A la recherche d’une méthode de refixage de la glaçure : étude comparative d’adhésifs.

Epi de faîtage - partie basse - avant intervention
Epi de faîtage - partie haute - avant intervention

Epi de faîtage avant intervention

J’ai validé mon diplôme de « restaurateur du patrimoine » par l’étude et la conservation-restauration d’un épi de faîtage en terre cuite, décorée de glaçures plombifères colorées. Cet objet, composé de 7 unités indépendantes, date du XVIIe siècle et a été produit au Pré d’Auge, qui était un important site potier de la région de Lisieux (Calvados). Cette œuvre a rejoint les collections du musée de Picardie (Amiens) en1908, par legs testamentaire d’Albert Maignan, peintre et collectionneur du XIXe siècle.

Epi de faîtage vers 1900
Epi de faîtage vers 1900, credit. Musée de Picardie, Amiens

Un épi de faîtage est un objet, en céramique ou en métal, réalisé à destination du faîtage (la partie haute du toit d’un bâtiment). Cet objet avait d’abord une fonction protectrice : isoler des infiltrations d’eau les parties sensibles du toit. Rapidement, l’épi de faîtage acquiert une fonction décorative.

Le Pré d’Auge, au XVIIe siècle, a vu sortir de ses ateliers un certain nombre d’épis de faîtage. On ne les trouve plus sur les toits normands aujourd’hui (ce sont principalement des épis du XIXe siècle ou postérieurs), mais beaucoup sont conservés dans des collections privées et un certain nombre est visible dans les collections muséales françaises (Lisieux, Honfleur et Caen pour la plupart, mais aussi au Petit Palais de Paris, à Lille, Lyon, Marseille, etc.).

Détail de glaçure altérée

Restaurer les glaçures des épis de faîtage

L’épi de faîtage du musée de Picardie a été exposé en extérieur pendant plusieurs dizaines voire centaines d’années. Son état de conservation en témoigne. La glaçure, la couche vitreuse qui recouvrait l’œuvre, s’en ressent : importantes lacunes, soulèvements, changements de couleur et de brillance, etc. Ont donc été effectués un nettoyage consciencieux de tous les produits nocifs pour la conservation de l’épi de faîtage, ainsi qu’une opération de refixage des écailles de glaçures soulevées. Cette œuvre a été le prétexte à une étude comparative d’adhésif pour le refixage des glaçures des céramiques, sujet encore peu étudié.

Radiographie de l'épi de faîtage

Défaire et refaire …

D’anciennes restaurations ont posé problème : une partie lacunaire avait été comblée de plâtre, dans lequel étaient insérées des tiges métalliques qui se sont corrodées avec le temps. Le retrait de ces tiges était indispensable pour éviter des risques de tâches et cassures sur la céramique. Le comblement a donc été entièrement retiré et une nouvelle restitution de la partie lacunaire effectuée. Travail de patience et de minutie ont été nécessaires pour restituer un tel volume.

Oeuvre de mémoire de Louise Vuillermoz avant restauration
Oiseau sommital avant intervention, ©INP/Dequier
Oeuvre de mémoire de Louise Vuillermoz après restauration
Oiseau sommital après intervention, ©INP/Dequier
Détail du socle

Présenter au public

Pour exposer l’épi de faîtage au public, un socle sécurisé était nécessaire. Il a été réalisé en collaboration avec l’entreprise Le Socle. En acier inoxydable et entièrement démontable, il assure une exposition sécurisée pour l’œuvre et pour le public de l’épi de faîtage.

Épi de faîtage en cours de montage

Épi de faîtage - montage en cours

Epi de faîtage - en cours de montage

Épi de faîtage apès intervention
Oeuvre de mémoire après restauration, ©Angèle Dequier/INP

↑ Vue du cabinet Maignan, Musée de Picardie, © Irwin Leullier

Mur du cabinet Maignan avec l’épi de faîtage, © Irwin Leullier →

← Montage en cours, © Guillaume Gillmann

Pour plus d’informations sur le travail effectué sur cette œuvre et son étude, vous pouvez consulter mon mémoire de fin d’études sur la bibliothèque numérique de l’INP. Vous pouvez également lire l’article publié sur ce travail dans la revue Patrimoine.